C'est peu dire
qu'il ne fait pas bon être une mère aux États-Unis. C'est en
effet ce que semblent nous crier les personnages de mères de l'autre
côté de l'Atlantique.
De Mad men à
Desperate en passant par Dexter (et son fameux final de la saison 4),
les mamans en prennent plein la tête.
Pour ce billet,
je me suis penchée plus précisément sur quatre séries, Nurse
Jackie, United States of Tara, Weeds et
The Big C, toutes les quatre diffusées sur la même chaîne
aux Etats Unis, HBO.
Un casting de
mamans dépressives en or massif.
Dans Nurse
Jackie, Eddie Falco (déjà la grande figure de mère
dans Les Sopranos) incarne Jackie Peyton, infirmière de son état,
mariée et mère de deux petites filles.
Dans United
States of Tara, Toni Collette (Little miss sunshine)
joue le rôle (entre autres) de Tara Gregson, mariée et mère de deux
ados.
Dans
Weeds, Marie-Louise Parker (The Assassination of
Jesse James) est Nancy Botwin, veuve et mère de deux garçons.
"Ta mère, la folle"
Folles, elles le
sont dans tous les sens du terme: accroc au médoc, dealeuse,
personnalités multiples, cancer, mythomanie et j'en passe, les
mamans qui sont au cœur de ces récits sont bardées de problèmes
en tous genres et on les voit se débattre avec leurs maux au fil des
épisodes.
Présentés
comme ça, on pourrait imaginer des shows pleins de drames, à
faire pleurer dans les chaumières. Mais sans être non plus de
franches comédies, ces séries se veulent aussi légères et
divertissantes.
Un pari risqué
mais réussit, grâce notamment aux personnages secondaires qui
allègent le récit (pour Nurse Jackie, je pense à Meritt Wever,
hilarante dans le rôle de Zooey, la jeune infirmière décalée et
adorable et Peter Facinelli, le papa d'Edward dans Twillight (oui, je
sais je sais...) qui est également génial dans le rôle de Cooper,
médecin mégalo un poil débile).
Des mères en quête de liberté.
On ne sait plus
si ces femmes sont plus victimes du mal qui les ronge ou de leurs
propres familles. Et pourtant, sans être des familles modèles, ces
foyer sont "normaux", avec bien souvent un mari présent et aimant (sauf
dans Weeds), et des enfants pas si ingrats et qui ne se droguent pas
(sauf dans Weeds, forcément). Ces cellules familiales plutôt solides
cherchent à les aider et finalement semblent les étouffent plus
qu'autre chose.
Chacune à leur
manière (par le mensonge, la tromperie), consciemment ou non, ces femmes cherchent à s'éloigner de leurs proches. Constamment à
la recherche de leur identité (très clairement avec Tara qui jongle
avec ses diverses personnalités), elles semblent accrocs à une double vie
qui les effraie et que pourtant elles recherchent sans cesse. En raison de ce gout pour les situations borderline,
elles mettent sans arrêt en danger ce qu'elles ont de plus chers
(leur couple, leur vie de famille) pour pouvoir demeurer quelque part
des adolescentes éternelles, comme le double de Tara, "T",
ado hystérique et provocante.
Ce ne sont plus
des femmes au bord de la crise de nerfs, ce sont des femmes qui
nagent en plein dedans, qui essayent de jongler avec leurs
frustrations en trouvant un nouvel équilibre, parfois dangereux ou
précaire.
Ces séries
prennent le risque de nous présenter des femmes insatisfaites,
capables du pire et donc finalement peu appréciables. Jackie,
notamment, représente vraiment l'anti-héroine par excellence qu'on
adore détester et Nancy, elle aussi, a le don pour se fourrer toute
seule dans des situations inextricables et entraîner tout son
entourage avec elle.
Et le plus
terrible, c'est qu'on se surprend à juger d'autant plus sévèrement
ces femmes pour la simple raison que ce sont des mères et donc
qu'elles sont censées être responsables et matures, bien plus que
les hommes. Ces séries titillent donc nos idées préconçues sur
la distribution des rôles au sein de la famille et cela s'avère
salutaire.
Toujours côté
B.O, les chansons des génériques de fin de Unites States of Tara
valent également largement le détour.